Sablons et son histoire

Origine du nom "Sablons"

Il est assez vraisemblable que Sablons trouve l'origine de son nom, à cause des sables blonds que le Rhône y avait déposés lors de ses multiples crues, et qui en faisaient un lieu de baignade connu et apprécié de toute la population avoisinante.

Histoire

Sablons fait partie du Canton de Roussillon et comme beaucoup de ces villages, son origine est très ancienne.

Resituons cette histoire dans la grande histoire de France :

À la suite de la disparition de l'Empire romain, au Ve siècle, la région passa sous domination burgonde, au siècle suivant, avant de venir sous celle des envahisseurs francs. À partir de cette date, elle connut les vicissitudes des partages successoraux des rois francs, mérovingiens et carolingiens, et passa successivement :

Il est intéressant de constater que dès cette époque, la région de Sablons est au confluent de quatre provinces au profil bien différents:

Carte de la région en l'an 1032

d'après (1)
  • Le Forez, province des comtes de Forez, basés à Feurs, ou à Hoan-le-Chatel puis à Montbrison. Le principal rival du comte de Forez est le seigneur archevêque de Lyon, qui a des terres en Forez, comme le comte en possède dans le Lyonnais. A plusieurs reprises, il tente de s'emparer de Lyon. Dans cette perspective et en réponse à l'archevêque de Lyon qui obtient le soutien de l'Empereur, il demande l'appui du Roi de France, et devient ainsi son vassal en 1129. A partir de 1376, le Forez eut pour seigneur le Duc de Bourbon, parent du Roi, qui possédait en outre l'Auvergne, le Bourbonnais, le Beaujolais, et une partie des Dombes.
  • Le Lyonnais, dont le seigneur est l'archevêque de Lyon. L'archevêque reconnaît l'empereur d'Allemagne comme souverain. Lyon, comme Vienne sont donc villes D'Empire. Cette reconnaissance bien que "lointaine" garantit une certaine sécurité à l'archevêque, souvent attaqué par les comtes de Forez. Un accord est finalement trouvé ces derniers, sous l'égide de Louis VII en 1173.
  • Le Vivarais, province de l'évêque de Viviers. Le Vivarais rejoint plus rapidement la couronne de France (le Royaume) car à la fin du Xe siècle, le comte de Toulouse réunit le Vivarais à son domaine qui lui-même perdit son indépendance au profit de la couronne dès 1173. Le Haut Vivarais est officiellement rattaché à la couronne de France en 1308.
  • Le Dauphiné rejoint la couronne de France le 30 Mars 1349 lors du traité de Roman, par achat de ce comté par Philippe VI de Valois à Humbert II de la Tour du Pin (vassal du Saint Empire). Le Dauphiné avait acquis son nom dès le XIIème siécle. En effet Dolphin était le surnom donné au fils de GUIGUES III, Comte d'Albon, et de l'anglaise Mahaut. Francisé en Dauphin, ce surnom a fini par désigner la dynastie elle-même et par voie de conséquence les terres attachées : le Dauphiné. A cause de l'une des clauses du traité de vente à Philippe VI, qui imposait que la tutelle de la province soit nécessairement celle du fils du roi de France, ce dernier prit le surnom de Dauphin.

Empi et Ryaume (ou Riaume) sont restés longtemps les cris des mariniers du Rhône, lorsqu'ils naviguaient sur le fleuve. Au lieu de crier "bâbord et tribord", ils disaient "Pique à l'Empi et bute au Riaume!", et donnaient donc le bord vers lequel les bateaux devaient se diriger. Le "Riaume" c'était l'Ardèche, et l"Empi", c'était l'Isère !
Cela fait référence à cette époque bien lointaine (an 1173 à 1349) où l'Empi désignait les province encore vassales de l'Empire Germanique (Dauphiné) et le Riaume désignait celles passées sous la couronne de France (Lyonnais, Forez, et Vivarais).

Histoire détaillée de la commune :

Référence : Roussillon et son Canton - 1949

Attention, en réalité, le seul maître que connaissaient les habitants d'une province était le seigneur qui habitait le château fort dans leur ville et leur village. Il y avait ainsi une multitude de seigneur qui régnaient sur un petit canton. Ils dépendaient eux-mêmes de seigneurs plus puissants, maîtres de toute une province. C'était le cas de Sablons et de Roussillon.

Le 4 Avril 895, un Arestagnus (ROSTAING) donnait à l'église de Saint Maurice les Vienne, la chapelle de Saint Férréol, martyr, il donnait également le presbytère, et ses dépendances, jardins, terres, et maisons. (Extrait du Cartulaire de St André la Bas. Publié par le Chanoine Ulysse Chevalier en 1869).
Cette église qui se trouvait à Sablons située sur l'actuelle place du "cimetière" du quartier de Moly-Sabata était mitoyenne de l'ancien relais de batellerie, devenu aujourd'hui le centre artistique Moly-Sabata.

D'après Guy-Allard, Humbert de Roussillon, Seigneur de Tullins, et dernier mâle de sa race, qui mourût à la bataille de Varey (1426) avait donné Sablons à un fils naturel, Jean Bâtard de Roussillon qui était en 1473, Châtelain de Louis de Bourbon, Comte de Roussillon. Il était marié à Jeanne d'Eurre dont il eût une fille, Marguerite, qui porta Sablons à Aymar de Murat de l'Estang Seigneur de la Sône ( à Leng Lestang), son mari qu'elle épousa en 1512. De cette union, naquit un capitaine qui se distingua dans les guerres du XVIème siècle parmi les plus braves, avec les Maugiron, les Clermont et tant d'autres : Antoine de Murat de l'Estang, capitaine de cent hommes d'armes, et général sous Henri III.

En 1575, De Gordes, catholique avait été battu par Charles de Montbrun, protestant. Il appela au secours et Antoine de Murat de l'Estang accourut avec sa cavalerie. A la bataille de Mirebeau près de Die, ce fut lui qui coupa en deux l'armée huguenote, et amena la prise de Montbrun, qui fut ensuite exécuté à Grenoble contre la parole donnée, en vertu d'un arrêt du Parlement (12 Août 1575).

C'est aussi à ce moment que fut instituée la foire annuelle de Serrières par ordonnance royale de 1583 - Henri III derniers des Valois. Cette foire devint par la suite celle de Sablons.

Etienne de Murat de l'Estang, petit-fils d'Antoine fut fait comte en 1662.

Les Murat de Lestang rendaient directement hommage au Roi de France pour leur terre de Sablons qui resta entre leur mains jusqu'à ce que Hugues François Casimir de Murat de Lestang, marquis de Lens Lestang, Seigneur de Sablons, émigre pendant la Révolution. Ses biens furent confisqués comme biens d'émigrés et vendus comme biens nationaux. Terres et Château furent morcelés.

Le Château de Murat

Le chateau était dont propriété des comtes de Roussilon jusqu'au mariage de Marguerite de Roussillon avec Aymar de Murat de l'Estang en 1512. Le château resta donc la propriété des Murat, Seigneur de Sablons, de 1512 à la révolution. Il est dit qu'un chateau aurait existé au même endroit au XIIème siècle.
Bien qu'enclavé dans des propriétés particulières, il subsiste encore avec ses deux tours solides, dont l'une a servi de chapelle.

 


Relevé de Cadastre 1813

avec l'emplacement du Château : le chateau comprend 5 tours (3 sur le Rhône et 2 derrières


Le château de Murat
et les tours


Le Château de Murat actuel


Le Château de Murat vers 1900

D'autres images du château sont disponibles sur le site, sous forme de cartes postales anciennes - début 1900, ou de photos récentes.

L'évolution du village depuis le début du XIXème siècle

Il est assez vraisemblable que le centre de Sablons fut d'abord au Sud du centre actuel . Cette hypothèse est basée sur la localisation de l'église de Saint Férréol, dont l'existence est déjà mentionnée en l'an 895, dans la "Bas Sablons" dans la quartier des Catherines, très proche de Moly-Sabata. Elle est renforcée par le positionnement du centre historique de Serrières, à Saint Sornin, en face du même quartier des Catherines. Par ailleurs le positionnement de la vielle digue, au même endroit sur le Rhône, aujourd'hui sous le niveau du Rhône, est la preuve d'une activité portuaire "historique".

Ce n'est qu'après que le village s'est développé dans le Haut-Sablons, peut-être suite à la construction du château des Murat puis aussi suite en 1828 du premier pont reliant Sablons à Serrières; à hauteur de ce même pont.

 

La première raison de la croissance de la population de Sablons est liée au développement des flux de marchandise sur le Rhône, notamment l'appel aux équipages de mariniers mais aussi tous les corps de métier associés tels que charretier, voiturier, journalier, cordelier, conducteur de chevaux - qui servaient alors à tirer les bateaux qui remontaient le Rhône.

L'arrivée de la vapeur vers les années 1850, ainsi que la concurrence du chemin de fer pour les transports de marchandises, et la construction des digues de Girardon, les crues séculaires successives de 1840,1845 et 1856, expliquent à partir de cette date la diminution de la population.

Elle ré-augmente à partir de 1920 avec l'industrialisation de la vallée du Rhône notamment les usines Rhône-Poulenc à Roussillon.

 

Le pont de Sablons

C'est en 1828 que l'ingénieur Marc Seguin achève le pont reliant Serrières à Sablons. Ce pont renforça l'activité commerciale et de transit de marchandises de Sablons. Pour plus de précision sur l'histoire du pont de Sablons, se référer à la page spécifique le concernant

Les crues

En 1840, une inondation formidable du Rhône envahit la plaine, la veille de Toussaint. Elle fit beaucoup de ravages; le village de Sablons vit s'écrouler 136 de ses maisons. Une crue plus importante encore intervint en 1856.
Pour plus de précision, consulter la page des crues du Rhône à Sablons

Quelques ouvrages historiques sur Sablons

Roussillon et son Canton - 1949
H de Terrebasse, H. De Montclos, Abbé Granger, G. Pérouse, L. Dugas, A. Poizat.

Ouvrage édité à l'occasion des Fêtes du VIème centenaire du rattachement du Dauphiné à la France. Il est actuellement réédité; pour le commander en ligne : Cliquez ici.

Dans une préface à l'ouvrage, l'abbé Granger évoquait l'attachement des familles anciennes à l'histoire de la petite patrie. C'est pourquoi il rechercha le passé des communes du canton de Roussillon, retrouvant les événements marquants, mais aussi de nombreux détails sur les personnages les plus importants, sur les monuments et les sites. Nous apprenons, par exemple, que le château d'Anjou fut assailli par les troupes du prince d'Orange en guerre contre les Anglais ; l'auteur nous rappelle que le château de Montbreton à Chanas, qui était un des plus anciens du Dauphiné, fut pris d'assaut par la reine Mathilde au Xe siècle, afin de mater une sédition des habitants. Nous découvrons aussi le manoir des Roussillon, tel qu'il se présentait au Xe siècle, bâti au nord de l'église actuelle, et l'auteur nous signale qu'au XVIe siècle, alors que le château était déjà ruiné, d'importantes pièces de chêne de sa chapelle servirent à établir les piliers et la toiture de la halle aujourd'hui disparue. L'auteur évoque encore le passage de Napoléon au Péage-de-Roussillon, la naissance du célèbre félibre Maurice Rivière à Saint-Maurice-l'Exil en 1829 ou bien la découverte de la fuscine, un colorant brun, dans une fabrique installée à Port-Vieux et qui jouissait au XIXe siècle d'une inquiétante réputation. Riche de très nombreux détails, cet ouvrage saura passionner tous les amateurs d'histoire locale.

1993, réimpression de l'ouvrage paru en 1949
Format 20 X 30. 92 pages

La Région de Lyon et de Saint-Etienne, sa Géographie, Son Histoire


M. Chaulanges et J. Page - Charles-Lavauzelle & Cie Editeurs - 1948

Magnifique livre à vocation pédagogique, retraçant avec une grande clarté et un grand esprit de synthèse mais aussi un grand nombre de détails la géographie et l'histoire de la région. Une présentation argumentée de la vie industrielle de la région du début du XXème siècle.

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