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Il émit les vues les plus neuves et les plus hardies sur la corrélation des forces physiques, sur l'origine et la propagation de la force, les causes de la chaleur, de la lumière et de l'électricité, répétant toujours avec modestie qu'il ne faisait que développer les idées de son oncle Joseph Montgolfier.

Il mettait en même temps la théorie en pratique en essayant une nouvelle machine. Celle-ci devait marcher constamment avec la même vapeur, à laquelle on restituait à chaque coup de piston la chaleur qui avait été transformée en travail (1). L'état d'avancement des constructions mécaniques à cette époque ne lui permit pas de mener à bien cette remarquable invention.

Penseur profond, travailleur infatigable, chercheur de tous les instants, il ne restait étranger à aucune des questions scientifiques et philosophiques qui ont été soutenues depuis le commencement du siècle; on peut même dire qu'il a été un précurseur pour presque toutes.

Depuis les questions les plus hautes de la physique moléculaire et de l'astronomie physique, depuis l'étude des chemins de fer atmosphériques ou pneumatiques dont il avait calculé toutes les conditions d'établissement, et dont les projets avaient été accueillis par le Gouvernement Russe jusqu'à l'examen des conditions de déflagration des poudres

(1) Mémoire sur un nouveau système de moteur fonctionnant toujours avec la même vapeur(1857).
La Machine à vapeur pulmonaire, Cosmos, (1858).

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et de la loi de mise en mouvement du projectile, qu'il a été un des premiers à signaler, rien n'échappait à l'activité de son esprit.

La navigation aérienne elle-même avait tenté l'audace de son esprit parce qu'il la croyait possible et que d'autres savants l'avaient déclarée irréalisable. La conclusion de son Mémoire à l'Institut, qui fit sourire alors, paraît à tant d'années de distance, véritablement prophétique: "II me suffit pour le moment, d'avoir constaté la possibilité de résoudre ce problème hérissé de tant de difficultés, pour acquérir la certitude, que dans un temps plus ou moins éloigné, on parviendra à voyager aussi facilement dans les airs qu'on le fait aujourd'hui sur mer, tandis que l'on ne peut malheureusement pas se dissimuler qu'en examinant de plus en plus la possibilité d'obtenir les mêmes résultats au moyen des ballons, on se trouve dans des conditions entièrement opposées" (1).

Dans le but de répandre les idées scientifiques et en particulier celles qui faisaient l'objet de ses réflexions, il fonda Le Cosmos en 1852 et bientôt après l'Annuaire du même journal.

Marc Seguin était en même temps pour toute sa famille un maître aimé et admiré. Sympathisant partout où il distinguait une force qui s'épanouira, il a, avec une admirable

(1) Mémoire sur l'Aviation ou Navigation aérienne 1866.

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clarté, professé en des entretiens familiers, pour plusieurs générations d'enfants, de neveux et de petits enfants, un Cours élémentaire des sciences physiques et mathématiques conçu spécialement pour eux et qui était en cours de publication au moment où la mort est venue le surprendre.

Nous ne pouvons du reste donner une meilleure idée de la variété de ses travaux qu'en donnant la liste de ses ouvrages et Mémoires à l'Institut.


Des ponts en fils de fer, 1826.
Mémoire sur la navigation à vapeur, 1828.
De l'influence des chemins de fer et de l'art de les tracer et de les construire, 1839.
Considérations sur les causes de la cohésion, Mémoire à l'Institut, 1855.
Mémoire sur l'origine et la propagation de la force, 1857
Mémoire sur un nouveau système de moteur fonctionnant toujours avec la même vapeur, 1857.
Cours élémentaire des sciences Physiques et mathématiques, 1860.
Considérations sur les Phénomènes naturels rapportés à l'attraction newtonienne, 1851.
Mémoire sur les causes et les effets de la chaleur, de la lumière et de l'électricité, 1865.
Mémoire sur l'aviation ou navigation aérienne, 1866.
Corrélation des forces Physiques avec des notes, par M. Seguin aîné, en collaboration avec M. Grove, 1867.

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